La tradition Chrétienne


LES DOCUMENTS de QUMRÂN
1- l’imbroglio
En 1952, un dominicain le Père de Vaux, responsable des fouilles, devient directeur des publications des rouleaux de la mer morte. Il s’entoure d’une équipe à forte dominante catholique ; pendant plusieurs dizaines d’années cette découverte archéologique sera confisquée par ce petit groupe de savants qui chercheront à imposer leur vue. Les silences du Père de Vaux seront même dénoncés sur certaines trouvailles qui pouvaient contredire ses idées… Ce petit groupe dépend de la très catholique Ecole Biblique de Jérusalem, elle même très liée au Vatican par le biais de la Congrégation de la Foi. En définitive, tout un système, toute une structure beaucoup plus attachée aux dogmes et à une certaine théologie formatée qu’au message de la Bible et des textes et commentaires dérivés. Ce dominicain restera en poste jusqu’à sa mort en 1971…
Le fait qu’une petite équipe de chercheurs privilégiés ait eu si longtemps le monopole sur ces documents, finira par déclencher l’indignation d’autres chercheurs qui jugeaient ces textes comme patrimoine de l’humanité.
Dans les années 80, une mobilisation s’amorce, les archéologues s’inquiètent de la lenteur avec laquelle l’école biblique fait ses publications. Des membres de l’équipe du Père de Vaux ne fourniront jamais le travail qui leur avait été attribué. Des chercheurs extérieurs, malgré leur insistance, n’auront pas accès aux originaux détenus par ce qu’ils appellent « le Cénacle ».
Ledit « cénacle » sera soupçonné, de même que le Vatican, d’occulter des informations. Un membre de ce comité sera même exclu ayant manifesté une certaine indépendance en déclarant « Ils ont peur de ce qu’ils ont découvert… c’est une bombe qui fera trembler les courants chrétiens sur leurs bases… »
2 - Les documents et les difficultés
Ce n’est que vers 1987 (donc environ 40 ans plus tard) que des savants israéliens ou d’origine juive pourront se joindre à l’équipe et apporteront une impulsion nouvelle aux travaux par leurs connaissances détaillées des textes bibliques et autres… tel, par exemple l’hébreu ancien qui donnera un éclairage nouveau permettant de nouvelles traductions et de réviser celles déjà publiées.
C’est le professeur Strugnell de Harvard qui est à l’origine de l’arrivée de savants juifs dans le groupe… Responsable de celui-ci depuis 1984, il reçoit le titre d’éditeur en chef en Avril 1987 en remplacement du Père Benoît décédé. Très vite, il étoffera son groupe, recrutant chacun en fonction de ses compétences dans des domaines déterminés. Il voulait que les différentes formes littéraires soient étudiées par des spécialistes en la matière.
Quelles sortes de documents dormaient depuis des siècles dans ces grottes plus ou moins proches du site de Qumrân ?
-
Des copies de livres et textes bibliques
-
Des Apocryphes
-
Des commentaires (Pesharim)
-
Des documents spécifiques à la communauté.
Les premiers trouvés par le jeune bédouin sont :
-
Le Livre d’Esaïe
-
La Règle de la communauté qui était un manuel de discipline
-
Un commentaire du livre d’Habaquq.
Un peu plus tard au même endroit furent retrouvés :
-
Un recueil d’hymnes
-
quelques passages de la Genèse
-
Un texte évoquant le conflit des Fils de Lumière et des Fils des ténèbres, sorte de Règles de guerre et une doctrine des auteurs de ces textes.
Et cela n’était que le début d’une longue liste de parchemins, de rouleaux de fragments de toutes sortes qui allaient représenter un immense travail de reconstitution, ce qui en dehors des diverses raisons déjà évoquées, étaient un facteur de lenteur dans l’exécution des travaux. Et s’ajoutait à cela une raison pratique, les éditeurs qui étaient désignés, conservaient secrètement les documents qui leur étaient confiés, car ils avaient toute autorité sur ceux-ci jusqu’à leur publication, c’était l’usage.
On imagine l’immensité du travail d’une telle entreprise, la reconstitution, la lecture, la traduction. Les difficultés de déchiffrage sur des documents abimés, incomplets, quand on sait le risque de confusion dans ce cas, du décryptage des lettres hébraïques.
Exemple de confusion :
-
entre le Resh ר et le Daleth ד
-
entre le Vav ו et le Zaïn ז
-
entre le Beith ב et le kaph כ
-
entre le Noun נ et le Guimel ג
La ressemblance très accentuée de ces lettres peu amener à un "mal lu" qui peut modifier le sens d’un mot, d’où la nécessité d’un examen minutieux de la forme des lettres, seul un vrai spécialiste, très averti en est capable. On peut donc se faire une idée des énormes difficultés rencontrées par les décrypteurs traducteurs. Les technologies modernes misent à disposition dans la seconde moitié des années 80 furent précieuses pour ce genre d’exercice.
C’est quelques 225 grottes qui furent visitées, certaines contenaient des poteries identiques à celles trouvées dans la première grotte des premiers rouleaux et dans les ruines du site de Qumrân. Il a été retrouvé des manuscrits dans une dizaine de grottes.
Un des rouleaux retrouvés mesurait plus de 8 mètres le Rouleau du Temple… parmi la liste répertoire des trouvailles on citera entre autres:
-
Le Livre d’Hénoch
-
le Livre de Tobie
-
le Livre des Géants
-
Un commentaire des livres des petits prophètes
-
Le Livre des Jubilés
-
Un texte sur la Nouvelle Jérusalem, reflet de la vision d’Ezéchiel ou encore de la Jérusalem Céleste de l’Apocalypse dite de Jean et toute une littérature parabiblique…
en quelques mots, une bibliothèque d’une grande richesse.
Tous ces vestiges ont été attribués à la communauté des Esséniens par les uns, d’autres chercheurs sont plus nuancés, moins affirmatifs… Alors, même si tous ces documents ont été localisés à proximité du site occupé par cette communauté, rien n’est moins sûr qu’ils en soient les auteurs…
Un des chercheurs déclarait, je le disais précédemment : "Ils ont peur de ce qu’ils ont découvert, c’est une bombe qui fera trembler les courants chrétiens…". Bien qu’il y ait eu publication, rien n’est venu perturber le monde de la chrétienté… Alors ? …
Mon intime conviction c’est que tout n’a pas été publié parce que gênant aussi bien pour les chrétiens que pour le judaïsme rabbinique, une remise en question des doctrines et dogmes diverses et de certaines réalités de l’histoire… on sait qu’il existe une bibliothèque "secrète" au Vatican… pourquoi certains documents de Qumrân n’auraient-ils pas été mis au secret quelque part afin de ne pas déstabiliser les religions ? …
Quant aux auteurs, Esséniens ou pas…le saura-t-on un jour ? …

LE ROYAUME DES MÈRES
Il semble qu’il n’y ait que GOETHE et MICHELET qui aborde ce sujet à travers leurs écrits.
En ce qui concerne Goethe, il aborde le sujet au début du second Faust : Pour aller chercher Hélène et Pâris au royaume des morts, Faust pénètre dans l’autre monde, où se meuvent les images originelles de tout ce qui exista sur terre, c’est le Royaume des Mères. En entendant ce nom, Faust est saisi d’une grande terreur.
Est-ce une partie mystérieuse de l’âme ? Dans l’initiation il est souvent question de chemin, mais aucune route ne mène chez les Mères. Aventure intérieure ? Voyage spirituel ?
Pour Michelet il en va autrement. Et tout d’abord quelques mots sur sa vision : « L’image de la mère sert de référence à Michelet pour signifier le passage à l’identification. Le père et un non moi et la mère est le moi. »
Il parle également du mariage des Mages de Chaldée, union incestueuse avec la Mère, la Mort, dont Babylone figure la monstrueuse hyperbole. Le Dieu femme, la Mère amoureuse de la génération, semblait pouvoir douer sa ville de durée éternelle. Cette ville était devenue femme et ses Mages, un moment conquérant, n’étaient pas au fond de vrais mâles.
Dans l’histoire Judéo-chrétienne on retrouve un adultère spirituel : la femme unie à Dieu ou dévoué à son prêtre ; Marie servante du Seigneur et que Dieu à volée à l’époux ? Cette négation du Père aboutit à l’inceste.
Michelet se refuse à définir la femme par sa fonction de Mère : l’amour maternel n’est pas premier chez la femme. Dans l’amour elle voit l’amour, son amant, son mari. L’enfant paraîtra plus tard. C’est donc une remise en cause définitive de la vision chrétienne de l’union et de la finalité du mariage vu par l’Église.
Comme on peut le constater l’explication de cette vision est différente pour l’un et pour l’autre, toutefois, c’est bien une introspection qui détermine leur cheminement. Donc quelque part ils se rejoignent.
Pour ma part, ma perception de ce royaume est plus simple.
La création est féminine par essence, donc l’espèce humaine prend son origine dans cet espace où se noue un drame cosmique et d’où va surgir le mythe de Gaïa.
Il se manifeste dans le mythe de Sophia, qui est un drame cosmologique dans lequel une divinité au niveau cosmique, s’emmêle avec un système planétaire dans des conditions qui sont anormales.
Sophia demeure normalement dans le Plérôme, mais elle en sort, pour s’incarner en un système planétaire. Elle devient donc la déesse déchue.
Elle incarne pour les Gnostiques notre planète. De tous les Éons elle possède une relation unique avec la terre et l’humanité. Elle représente la puissance rédemptrice suprême dans l’expérience humaine.
Le processus rédempteur de Sophia implique une réintégration de son pouvoir avec le Plérôme. La voie de cette réintégration dépend de la participation humaine à son épreuve.
Le mythe de Gaïa est un récit saturé de sexe. Cette sexualité débridée a toujours été diffamée par les moralistes chrétiens.
Ce mythe nous encourage à guérir des siècles de honte d’origine religieuse, de recouvrer les miracles de la connaissance du corps et de célébrer les rites intenses de la sexualité en révérence à la terre.
Ce royaume des Mères, nous devient accessible par la compréhension de la Gnose, qui est un chemin d’illumination.

SAINT JEAN DE LA CROIX, UN POÈTE MYSTIQUE
Parfois l’inspiration nous vient à nos heures les plus sombres ; Dans la sombre nuit, entouré par les dures réalités de l’existence physique, une grande beauté peut soudain nous être révélé ; Cet éclair de beauté créatrice inondant notre être vient des profondeurs intérieures. Tel fut le cas au 16ème siècle du poète mystique espagnol San Juan de la Cruz (Saint Jean de la Croix). C’est enfermé dans une étouffante et étroite cellule, malade du fait des tortures et de la malnutrition, que San Juan composa certains de ses plus beaux poèmes - exprimant clairement un message positif d’amour, de beauté et d’union personnelle avec Dieu ; Ces poèmes prennent rang parmi les meilleurs de la littérature espagnole.
Une grande partie de la vie de Saint Jean fut une lutte contre les forces d’opposition. Bien que né dans une profonde pauvreté (1542) Saint Jean fut assez heureux pour recevoir une certaine éducation. Ce fut un étudiant exceptionnel. Après sa vingtième année il prononça ses vœux en tant que frère du Carmel et fréquenta l’université. Avec Saint Thérèse de Jésus, Saint Jean prit part a la réforme de l’Ordre du Carmel – une réforme ramenant l’Ordre de son opulence à ses buts originaux d’austérité, de prières, de contemplation et de recherche de l’union mystique. Dans son œuvre de réforme, Saint Jean se fit des ennemis dans l’Église et il fut finalement emprisonné et torturé pendant neuf mois – période durant laquelle il écrivit ses poèmes les plus magnifiquement inspirés. Il s’échappa et continua son travail de réforme du Carmel, mais il demeura suspect et souffrit entre les mains de ses ennemis pendant le restant de sa vie.
Il y eut beaucoup de contraste dans la vie de Saint Jean. Mystique profondément introspectif, San Juan fut aussi un réformateur pratique connaissant bien la peine et la souffrance et aussi la grande beauté qui se trouvent dans ce monde. Il reçut une bonne instruction, mais une grande partie de sa connaissance lui vint de de la méditation plutôt que de l’université ; il vécut dans le célibat en tant que moine, mais sa vision de la joie et de l’extase dépassèrent de beaucoup les vues étroites de l’Église. Ces contrastes se reflètent dans sa poésie.
Les poèmes de Saint Jean racontent le voyage de l’âme dans la nuit obscure à la lumière de la plus haute compréhension et de l’union mystique finale avec l’être absolu. Pour exprimer ce voyage de l’âme vers l’union mystique, Saint Jean a employé l’allégorie de l’amour physique et de la béatitude sexuelle entre amants. Il parle toujours en gardant un masque – celui de l’amante décrivant son extase. Ainsi, l’un des plus importants poèmes de Saint Jean, Noche Oscura (La Nuit Obscure) commence ainsi : « Par une sombre et secrète nuit, mourant d’amour et d’une profonde flamme... » Le poème se poursuit en décrivant la rencontre des amants et leur extase. Ainsi ces poèmes peuvent être lus comme des œuvres érotiques ou plus symboliquement comme de joyeuses et belles descriptions du voyage de l’âme vers l’union mystique (le mariage spirituel).
VIVE FLAMME D'AMOUR
Ô vive flamme d'amour
Comme vous me blessez avec tendresse
Dans le centre le plus profond de mon âme!
Puisque vous ne me causez plus de chagrin,
Achevez votre œuvre, si vous le voulez bien,
Déchirez la toile qui s'oppose à notre douce rencontre.
Ô brûlure suave,
Ô plaie délicieuse,
Ô douce main, ô touche délicate
Qui a la saveur de la vie éternelle
Qui paye toute dette!
Qui donne la mort et change la mort en vie.
Ô lampes de feu
Dans les splendeurs desquelles
Les profondes cavernes du sens
Qui était obscur et aveugle
Donnent avec une perfection extraordinaire
Et chaleur et lumière à leur Bien-Aimé!
Avec quelle douceur et quel amour
Vous vous réveillez dans mon sein
Où vous demeurez seul en secret
Et avec votre aspiration savoureuse
Pleine de biens et de gloire,
Avec quelle délicatesse vous m'embrasez d'amour!
Jean de la Croix

Dessin de la Crucifixion par Jean de la Croix
La crèche hermétique
d'après le tableau de Jérôme BOSCH L'adoration des Mages (15ème siècle)
Ce travail a pour trame de fond « l’Adoration des Mages », du peintre hollandais Jérôme Bosch... Ce peintre fut un Initié et un alchimiste. Son tableau comporte tout ce dont nous avons besoin pour réaliser une Crèche « digne de ce nom », pour se rapprocher d’une signification plus traditionnelle et peut-être aussi plus proche du vrai.
Une question d'observation, que voir ?
-
Une Étable couverte de chaume avec une mangeoire.
-
Un Bœuf et un Âne.
-
Un Corbeau puis une Colombe dans une fenêtre.
-
Joseph et Marie avec Jésus.
-
Une Coupe sur une Table.
-
Un Roi Noir avec de la Myrrhe.
-
Un Roi Blanc avec de l’Encens. Sa Couronne est à terre, en bas du milieu du tableau.
-
Un Roi Rouge avec de l’Or. Il porte une Épée.
-
Une Étoile à Six Branches en haut du milieu du tableau.
-
Des Moutons Blancs en fond de toile sur le côté droit.
C’est un premier bilan visuel, un peu chaotique, pour un premier éveil mais dont on peut déjà mesurer la richesse de la « Materia Prima ». Mettons donc un peu d’ordre (…Ordo Ab Chao… !!!...)
De l’Étoile et des Rois :
L’Étoile à six branches donne le La pour toute l’approche que nous devons avoir de la Nativité Christique. En effet, elle est le résultat de l’entrelacs d’un triangle, la pointe en haut, avec un autre triangle dont la pointe est en bas…
Sa signification est claire, c’est la définition exacte donnée par le premier vers de la Table d’Émeraude : « …Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour le miracle de la Chose Unique… »
Hermès Trismégiste, patron de la Science Sacrée, la Science Hermétique du Corpus Hermeticum, est donné aussi comme l’auteur de cette Table d'Émeraude, ce qui donne, d’emblée, un éclairage hermétique à ce tableau en même temps qu’un nouveau regard sur ce que peut représenter véritablement la Crèche de Noël. Donc, la Table d’Émeraude est commune à un autre Corpus, le Corpus Alchimique, différent du premier… et dont le patron est aussi Hermès Trismégiste. (Ce sera la base des travaux d’alchimistes célèbres tels que Fulcanelli ou Nicolas Flamel.)
Hermès Trismégiste, c’est « Hermès Trismagister » : le trois fois grand, le trois fois Maître, mais, surtout : le Trois Fois Mage, c'est-à-dire les trois Rois Mages. Il réunit, en lui, en un même esprit, les trois étapes du Grand-Œuvre alchimique, de l’Art Royal (c'est-à-dire l’Art où seul l’Esprit est Roi) que sont : L’Œuvre au noir, L’Œuvre au blanc, L’Œuvre au rouge et la Crèche nous offre « royalement » : un Roi Noir, Un Roi Blanc et un Roi Rouge !
-
Balthazar : le Roi noir qui représente l’Œuvre au noir. Il offre à Marie, la Myrrhe, qui servait, chez les Anciens Egyptiens, à l’embaumement des défunts. Il semble délivrer un message à Marie : « ...ton fils sera roi, mais il mourra… ». Les alchimistes, dans leur jargon codé, avaient baptisé cette étape de la transformation de la Matière : « le Corbeau ». En effet, après plusieurs « Solve e Coagula » successifs, la Matière, libérée de ses premières scories, s’allège et devient plus volatile (comme l’oiseau). Cette Matière, déjà améliorée, trouvait aussi un surnom de « Beau corps » (le Corps beau) et ceci, dans le Langage Mystérieux des Oiseaux puis, avant de passer à l’étape suivante, ils tranchaient la tête du Corbeau qui leur servait de matériau pour commencer l’Œuvre au blanc. Ainsi, ils se servaient de la partie « la plus subtile du volatile » (La tête étant le siège de la pensée, de l’idée). Notre peintre a justement représenté un Corbeau perché sur une poutre de « l’Étable ».
-
Melchior : le Roi blanc qui représente l’Œuvre au blanc. Il offre l’Encens au nouveau-né. Cet ingrédient est très important pour toutes les opérations de Magie Cérémonielle, de Théurgie ou d’Alchimie. La composition de l’Encens est variable selon l’usage qu’on lui destine mais, dans tous les cas, elle relève d’une précision et d’un symbolisme particulier. Un tronc commun existe cependant, il sert de purificateur, de protecteur et surtout de vecteur spirituel. C’est cette dernière qualité qui est donnée à Jésus par le Roi blanc, ainsi, il lui confère un Pouvoir Sacerdotal. Le Sacerdoce, l’Œuvre au blanc, la Spiritualité…notre peintre les a justement soulignés sous les traits de la Colombe blanche, dans la fenêtre, en miroir du Corbeau noir. De plus, si la Tradition est respectée, le Roi blanc est le seul à porter une Couronne ornée d’une Perle à son sommet.
-
Gaspard : le Roi rouge qui représente l’Œuvre au rouge. Il offre l’Or. C’est l’étape ultime de la transformation de la Matière. Il confère ainsi, au Nouveau-Né, le Pouvoir Royal, c'est-à-dire le pouvoir de réaliser un jour sur lui-même, la dernière étape de cet Art où seul l’Esprit est Roi. De plus, si la Tradition est respectée, le Roi rouge est le seul à porter une Épée.
Jésus est donc assimilé à la Pierre Philosophale mais une Pierre qui est encore « en devenir ». Ces trois Rois Mages annoncent donc à Jésus, comme une prophétie, les épreuves qui l’attendent dans sa vie future pour parvenir à une perfection. Les curieux et les cherchants, s’ils sont attentifs et réceptifs, pourront parcourir les textes, sacrés ou non, ceux du Droit Canon bien sûr, mais surtout les Apocryphes, où ils pourront reconnaître, depuis le 1er Dimanche de l’Avent jusqu’à la Crucifixion au Mont Golgotha (le Mont Crâne) et l’Ascension, les trois étapes de l’Opus, dans la voie dite « longue et humide ».
Il s'agit donc bien de l’histoire d’une Initiation. Jusqu’alors, nous nous étions intéressés à un spectacle, une scène qui impliquait notre regard dirigé vers l’En-Bas, dans la direction indiquée par le premier triangle, la pointe en-bas. Nous allons donc, selon les préceptes de la Table d’Émeraude, lever les yeux vers le Ciel, dans la direction indiquée par l’autre triangle, la pointe vers l’En-Haut.
Nous partons à la découverte du Céleste, de ses Mystères, de ses « Analogies et Correspondances » telles que nous les enseigne la Science Sacrée d’Hermès le trois fois Mage… Et aussi, nous pouvons faire le lien avec les Anciens égyptiens qui peignaient le plafond de leurs édifices en « bleu-nuit-cobalt » parsemé d'Étoiles d’or à cinq branches, comme si les Étoiles de la mer de l’En-Bas avaient subitement eu envie de voler vers la Voûte Céleste de l’En-Haut
La Crèche, les Étoiles et les Constellations
Parcourons le reste du tableau, on y remarque :
-
Joseph et Marie : Personnages centraux du tableau. Ce sont le Père et la Mère, le Masculin et le Féminin, le Roi et la Reine, etc. C'est le couple alchimique (le Rebis : la chose double) qui a résolu, par le combat intérieur, le problème des oppositions et des contraires pour aboutir à la complémentarité, donnant ainsi naissance au Nouveau Roi, bénéficiaire des qualités des deux pôles qui l’ont engendré. On sait que :
-
Le Pain est la Matière qui contient tout… Or, Jésus naît à Bethléem : « la Maison du Pain ».
-
Le Vin est l’Esprit qui donne vie à tout… Or, entre l’instant de l’apparition de la fleur de la vigne et la cueillette de la première grappe, s’écoulent, 108 jours… Les deux triangles se sont donc bien réunis, en des noces alchimiques, des noces énergétiques…
-
-
Joseph : Joseph est de la lignée royale et sacerdotale de David (le père du roi Salomon). Cette descendance est largement illustrée par les vitraux de nos cathédrales avec la représentation de l’Arbre de Jessé (Cathédrale de Chartres). Il était surnommé « le Jeune Lion », animal solaire par excellence. Donc, Joseph, Soleil du jour mais aussi manifestation du Soleil dans la Voûte de Noël par la Constellation du Lion dont l’étoile principale est Regulus, qui signifie « Jeune Roi »... Donc Joseph + Père + Lion + Soleil possède en lui le germe du futur Nouveau Roi. De plus l’Étoile du Berger, une Étoile à 5 branches, celle que nous posons à la cime de l’Arbre, le Sapin de Noël et qui fait référence à David qui fut Berger avant d’être Roi « Mon Serviteur David deviendra leur Berger » (Ezéchiel 37:24)
Jésus de la semence de David a été l’excellent Berger qui a donné sa vie pour ses brebis : « Moi je suis le beau Berger, je connais les miens, les miens me connaissent… » (Jean 10:14-15).-
le rappel de cette haute lignée royale et sacerdotale, transposée en tête de l’Axe du Monde pour l’illuminer et la manifester à nos yeux, en faisant à ce Sapin, nous pourrions dire une « réputation de haute futaie ».
-
En effet, posée en haut du Sapin, l’arbre toujours vert, elle en démontre la pérennité, sinon l’éternité. Et ce sapin, cet Axis Mundi, est aussi à mettre en liaison avec cette autre Tradition de Noël qu’est la bûche… Mais pas la pâtisserie commerciale d’aujourd’hui. A ce sujet, nos ancêtres celtes, à la période du Solstice d’hiver, entre les fêtes de Samain du 1er Novembre et Imbolc du 1er Février, brûlaient, dans l’âtre de la cheminée, les bûches de bois issues du sapin de l’année précédente et qu’ils avaient conservées tout ce temps pour alimenter, revivifier au moment opportun, le nouveau Feu Intérieur du foyer et de l’homme… complément du cycle solaire de la période du Solstice d’été, entre Beltain du 1er Mai et Lugnasad du 1er Août, la manifestation du Feu extérieur en haut des collines.
-
-
Marie : Marie est d’une famille d’aristocrates connue. Elle est lunaire, bien sûr, la Mère, la Reine mais c’est aussi la Constellation de LA Vierge, dont l’étoile principale est Spica qui signifie Epi. Nous avons donc, sur le trajet de la course Solaire fécondante, le Masculin (le Lion/Soleil) qui possède la semence (Regulus) et le Féminin (la Vierge) qui possède la possibilité de la récolte future de l’Epi (Spica). Cela lève aussi, d’emblée, le fameux mystère de « l’Immaculée Conception » qui pose le problème d’une femme qui serait restée vierge après une conception et une naissance ! Comprenons maintenant que ce n’est pas une vierge dont il s’agit mais de « La Vierge » la constellation et que la fécondation est surtout solaire, céleste, symbolique et spirituelle.
-
Le Corbeau : Outre les arguments présentés au paragraphe de Balthazar et l’Œuvre au noir, il s’agit aussi de la Constellation du Corbeau. Située entre la Coupe et la Vierge. Le Corbeau est l’oiseau messager des dieux et un des nombreux attributs d’Hermès. Une anecdote intéressante à son sujet : « les anglais coupent les ailes des corbeaux de la Tour de Londres, encore de nos jours, car ils pensent qu’ils représentent l’âme du roi Arthur ; ainsi cette âme ne peut s’évader en attendant le possible retour du Roi célèbre de la « Queste du San Graal » et d’une reprise « des Temps Aventureux » pour la restauration du « gaste » Royaume et de son Roi-Pêcheur (le Roi Méhaigné).
-
La Colombe : La Colombe blanche est, pour la circonstance, le complément incontournable du Corbeau noir. C’est l’oiseau messager de la Paix qui doit régner sur le Monde… C’est aussi l’oiseau de Noé, la suite logique de l’Œuvre au blanc... mais, pour ce qui nous intéresse, c’est surtout la Constellation de la Colombe.
-
La Couronne : Nous avons abordé le sujet au paragraphe du Roi blanc Melchior et de l’Œuvre au blanc. Elle est aussi, bien sûr, la Constellation de la Couronne. Mais pour répondre à la question : « pourquoi la couronne de Melchior possède une perle à son sommet ? » Tout simplement parce que l’étoile principale « alpha » de cette Constellation se nomme la Perle !
-
La Coupe : Elle préfigure la Manne Céleste (pendant la longue marche dans le désert) puis le Sang et l’Eau (le breuvage d’immortalité) s‘écoulant des blessures du futur Crucifié à l’achèvement de sa vie terrestre. Grâce à Joseph d’Arimathie, elle deviendra la Coupe du Sang Royal (San Real) c'est-à-dire la Coupe du Saint Graal... C’est la Constellation de la Coupe.
-
Orion : Apparemment, cette Constellation n’apparaît pas dans le bilan pictural du peintre... Et pourtant, la ceinture centrale des trois étoiles a, pour projection sur le sol égyptien, les trois grandes pyramides de Giseh (le lien avec les Traditions hermétique et alchimique est clair)… Mais ce qui est digne d’intérêt, c’est le nom donné à cet alignement : «les trois rois » ou « les Trois Mages ». De plus, l’alignement stellaire formé par l’étoile centrale de la ceinture et les groupes verticaux M41 et M42 se nomme « l’Épée ». Le Roi rouge, dernière étape de la réalisation de la Pierre, est le seul à la porter car il a su, tel que nous le dit le 7ème vers de la Table d’Émeraude « séparer le subtil du grossier », c'est-à-dire « le subtil de l’épais » ou mieux le subtil de l’Épée… La Constellation d’Orion, est une Constellation majeure de la Voûte Céleste mais, il faut reconnaître qu’elle prend ici une valeur symbolique et spirituelle importante. Sa forme caractéristique en « sablier » ne peut que nous éveiller, nous Maçons. Voilà donc une réponse au pourquoi de l’Épée du paragraphe du Roi rouge Gaspard.
-
La Table : On peut, telle que représentée par le peintre, dire que cette Table qui reçoit la Coupe du Graal est, elle, la première Table du Graal, rectangulaire et divinement proportionnée (1 angle est caché par le Roi rouge qui porte l’Or) et qui, avec les futures Tables carré et circulaire (les 3 Tables du Saint-Graal) formeront le plan directeur (le plan régulateur) des Maîtres d’Œuvre pour la construction de nos cathédrales… et autres édifices sacrés. Bosch a insisté, par cet artifice, pour affirmer le caractère sacré de son œuvre, en y introduisant la loi des Nombres et des Proportions. C’est la Constellation de la Table.
-
Le Bœuf : L’animal possède son symbolisme traditionnel s'appuyant particulièrement sur la bonté, la force paisible, la puissance du travail jusqu’au sacrifice mais aussi sur Apis, le bœuf de Memphis ainsi que ceux de la vision d’Ezéchiel et de l’Apocalypse. Ce qui attire l’attention chez cet animal, dans sa relation avec l’homme, c’est que son aptitude incontestable aux travaux les plus humbles ou les plus durs, nécessite qu’il soit guidé. Or, eu égard à sa présence dans cette Crèche du Jeune Roi, on ne peut envisager un guide qui ne serait pas, lui aussi, de qualité royale. Cette qualité, nous la retrouvons dans la Constellation du Bouvier, dont l’étoile principale est justement Arcturus, un autre Jeune Roi d’une autre Quête et qui signifie aussi « Le Gardien ».
-
L’Âne : Dans la Constellation du Cancer, deux étoiles intéressantes qui sont « Asellus Borealis » et « Asellus Australis » et qui signifient respectivement « Âne du Nord » et « Âne du Sud ». Or, dans la vie future du Jeune Roi, il y aura bien deux Ânes, celui de la fuite en Égypte (Sud) et celui de la rentrée triomphale à Jérusalem (Nord)… Mais, me direz-vous, cette Constellation n’a rien à voir avec notre sujet… Et pourtant oui, car ces deux étoiles sont les rescapées de la très ancienne Constellation des Ânes, bien connue des anciens grecs, aujourd’hui disparue et qui s’est fondue dans celle du Cancer. Elle était appelée aussi « Constellation de la Mangeoire où 2 Ânes mangent »... ! Cette ancienne Constellation se nommait « Pathnée » or, en ancien grec, ce mot Pathnée, curieusement, signifie : « Crèche »… ! L’Âne de la Crèche est donc lui-même la Crèche !!!... La Crèche, c’est Lui !!!... Et, sans lui, pas de Crèche... !
Conclusion
Avouons que ce parcours, qui ne restera qu’un essai, valait quand même le détour. Outre les éléments et personnages « coutumiers » d’une Crèche, nous les avons enrichis d’une Étoile à six branches, d’une Couronne ornée d’une Perle, d’une Table au Nombre d’Or portant une Coupe, d’un Corbeau, d’une Colombe et d’une Épée et,
avec ce Corpus de symboles parfumés à la Myrrhe, l’Encens rayonnant sous l’Or rutilant.
Si le caractère hermétique de la Crèche d’origine était aisé à deviner, il n’y avait donc pas d’hérésie à vouloir l’enrichir… cela se transforme en enrichissement personnel…
Nous avons donc réunis, par cette réflexion, tous les éléments nécessaires à la réalisation d’une Crèche traditionnelle de Noël, une Crèche vraie, celle du « Nouveau Soleil » et non plus une crèche coutumière.
Il faudra donc, pour être au plus juste :
-
L’installer dès le 1er Dimanche de l’Avent (de préférence) et la démonter le 2 Février, jour de la présentation du Nouveau Roi au Temple.
-
N’installer les Rois Mages que le Jour de l’Épiphanie, le 1er Dimanche de Janvier. Ce sont les Bergers et leurs troupeaux qui, ayant été les premiers prévenus, furent les premiers à rendre hommage (un symbolisme complémentaire intéressant à développer, car Jérôme Bosch ne les avaient pas oubliés, en arrière plan, à droite du Tableau)...
-
Et « lou Ravi… !!! », ne l’oublions pas non plus (Bosch n’était pas un fils de Provence). C’est le Vieux Roi, c’est la projection terrestre du Jeune Roi, tel qu’il sera à la fin de sa vie, blessé, usé et vieilli, vêtu simplement (mais aux 3 couleurs de l’Opus) en infatigable messager et témoin de la Vraie Lumière à partager avec ceux qui en sont dignes. C’est pour cette raison qu’il est le seul personnage de la Crèche, les bras levés vers l’En-Haut et portant une Lumière, de la voie cardiaque. Il est laid à l’extérieur mais en béatitude, il s’est affranchi des apparences, la Lumière qu’il porte est la manifestation du Feu Intérieur qui l’anime parce qu’il en témoigne, avec ses habits alchimiques, et dans cette période du Solstice d’hiver où les jours sont les plus courts mais où le Soleil va reprendre sa course vers son Zénith (le Nouveau Soleil/Sol Invictus). Il est en « avancement » sur son Chemin de sa Connaissance. Le seul Initié de la Crèche, c’est lui... Il est Nous... et Nous sommes Lui…
-
En revanche, nous n’avons pas abordé la Géométrie Sacrée du Tableau. Elle n’est ni spéciale à ce peintre ni à ce tableau mais, pour les curieux qui voudraient en entreprendre l’étude, ils en seraient agréablement « Ravis ».
Ce Tableau de Jérôme Bosch se situe, comme le peintre, dans une période riche et bien particulière de l’histoire humaine. Nous sommes deux siècles avant la naissance des premières Loges Maçonniques (aux env. de 1717) donc, aucun risque d’influence de ce côté-là. Mais, pour nous, « Maçons de la Vieille Égypte », quel est l’intérêt d’un tel sujet ?
A Noël, au Solstice d’Hiver, à la période de la Nativité Christique, à la Fête du Feu Intérieur, les temps sont devenus propices à la réflexion intérieure, à la méditation, à la mise en jachère de nos activités, tant matérielles que spirituelles, tel que nous l’enseigne l’Ordre naturel du Monde et de ses cycles.
C’est l’occasion d’un retour sur soi, dans l’ombre et le silence d’une nuit qui va s’achever.



